novembre 21, 2016

Témoignages

L’aigle et sa proie

 

 

« Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur »   Romains 6/23

                                                                                                                                                                        

Sur les eaux gonflées du Niagara, flottait le corp d’un mouton qu’entraînait l’impétueux cours. Du haut des nues, un aigle qui planait aperçoit la proie et fond sur elle. Les griffes plantées dans le cadavre flottant, l’oiseau se gorge de sa chair. Le courant l’entraîne mais il n’y prend point garde.

Soudain l’aigle aperçoit l’abîme, le gouffre effroyable. Il veut fuir. Mais ses serres sont retenues dans la laine de sa victime. Un dernier effort désespéré et le gouffre s’ouvre sous ses ailes. La proie a tué sa victime.

Ainsi le péché, muni d’un charme irrésistible, attire et retient le malheureux qui se laisse séduire. Il offre pour un temps des jouissances trompeuses puis « il finit par mordre comme un serpent et par piquer comme un basilic » (Proverbes 23/32).

Un seul peut délivrer l’homme de sa chaîne : Celui qui a racheté son peuple et nous a délivrés pour que nous puissions le servir sans crainte et dans la sainteté tous les jours de notre vie

 

 

 

 

 

 

 

Histoire de Noël : Rothschild et le peintre

 

Comme il dînait un jour chez le Baron James de Rothschild, le peintre Eugène Delacroix confessa que depuis quelque temps il cherchait en vain une tête qui pût lui servir de modèle pour un mendiant dans un tableau qu’il était en train de peindre. 

En regardant les traits de son hôte, il lui dit en plaisantant qu’il pourrait lui fournir le modèle désiré !

Grand amateur d’art, Rothschild consentit aussitôt à poser. Vêtu de sa houppelande, un bâton à la main, le banquier prit l’attitude d’un mendiant à la porte d’un temple romain.

L’artiste ayant été appelé au-dehors, l’élève favori du peintre entra dans l’atelier, et s’entretint quelques instants avec le prétendu mendiant. Avant de sortir, pris de pitié pour son pauvre interlocuteur, il lui glissa dans sa main une pièce de 40 sous.

Au retour de l’artiste, le banquier lui raconta l’aventure dont il venait d’être l’objet. Voyez, lui dit-il, la pièce que je viens de recevoir !

Le peintre exposa au Baron que l’élève avait du talent, mais peu de fortune et qu’il avait grand peine à assurer sa subsistance.

Quelques jours après, le jeune étudiant recevait une lettre de la Banque Rothschild et Cie l’invitant à venir toucher au guichet les intérêts de sa pièce de 40 sous. Il crut d’abord à une mystification.

Mais quelle ne furent pas sa surprise et sa joie lorsque, passant à la Banque, il reçu la somme de 10 000 francs pour continuer ses études !

Un bienfait n’est jamais perdu. La bonté rapporte un fort dividende. Proverbes 19/17 : « Celui qui a pitié du pauvre prête à l’Eternel, qui lui rendra selon son œuvre ».

 

 

« Sois fidèle jusqu’à la mort,

et je te donnerai la couronne de vie »

Apocalypse 2/10

Aux chrétiennes d’aujourd’hui

Les femmes persévérantes qui ont été persécutées à cause de leur foi, en France, nous parlent encore aujourd’hui. La vie de Marie Durand (1700 – 1776) qui est restée 38 ans enfermée dans la Tour de Constance à Aigues-Mortes, nous montre combien cette femme a été fidèle à la Parole de Dieu. C’était facile pour elle d’être libérée, il lui suffisait d’abjurer sa foi ! Alors, toutes ses souffrances se seraient envolées ! Cela pouvait être tentant ! Certains le faisaient ! Elle grava sur la margelle du puits de la prison « Résister ». Elle encourageait ses compagnes prisonnières et écrivait dans les pays où il y avait la liberté de culte pour leur faire parvenir quelques subsides.

Car la vie était dure dans les cachots du Roi !Aurions-nous tenu ? Aurions-nous résisté à tant de cruauté ? Il fallait que l’amour qu’elle portait à Dieu soit immense ! Son frère, Pierre DURAND (1700 – 1732) connut la mort prématurément, exécuté à Montpellier car il parcourait le Vivarais à cheval pour enseigner la Parole de Dieu ; il fut un jeune pasteur très courageux pour son Seigneur ; il fut dénoncé pour quelques pièces d’argent ! Son père également fut emprisonné. A cette époque, on dénonçait ceux qui se réunissaient en cachette pour écouter la Parole de Dieu. On enlevait leurs enfants pour les mettre dans des couvents ; leurs biens étaient confisqués ! On interdisait la lecture de la Bible, elle était brûlée ! Les pères et les jeunes gens étaient enchaînés sur les galères du Roi !

Nous chrétiennes d’aujourd’hui, soyons courageuses pour notre Seigneur, soyons persévérantes face à l’adversité, à l’injustice. Coûte que coûte, accrochons-nous à Lui, car Lui seul peut nous aider à franchir les obstacles !  Lui seul peut nous donner des victoires si nous persévérons sans nous relâcher ! Soyons imperturbables ! Soyons déterminées comme Marie Durand !

N’oublions jamais ces femmes, ces huguenotes qui ont tout enduré pour rester fidèles à Dieu et à sa Parole.

Si vous avez l’occasion d’aller dans les Cévennes, allez visiter le Musée du Désert, à Mialet, près d’Anduze, dans le Gard. Celui-ci nous donne de nombreux témoignages de cette époque sombre où le Roi martyrisait ce peuple de la Bible !

                                                                                                                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                               

 

 

Témoignage de Doumbia Boubacar : Pasteur

 

Tout a commencé très tôt. Je suis né dans une famille musulmane très pratiquante. Très tôt, mes parents m’ont amené à l’école coranique. Ensuite, je suis allé à l’école française… Là, l’école nous amène à la réflexion … J’étais convaincu d’un Dieu créateur mais je ne pensais pas que l’on pouvait le connaitre personnellement. Je me posais des questions sur l’éternité. Ma religion devait me mener vers Dieu mais je n’avais pas de conviction. Néanmoins, j’étais sérieux dans la pratique de la religion musulmane. Un jour, alors que j’étais en vacances dans une autre ville, je suis venu m’assoir près de l’imam et je lui ai posé des questions ; mais ses réponses ne me satisfaisaient pas. Le lendemain, je lui posai des questions plus compliquées mais celui-ci me disait que je devais me soumettre à la religion sans chercher à trop comprendre. Je suis revenu dans mon pays en me disant qu’un jour, j’aurai des réponses. Je suis allé vers d’autres personnes cherchant des réponses mais je n’ai rien reçu.

Un soir, alors que j’étais sérieux dans ma religion car je voulais être agréable à Dieu, je me suis dit que tout ce que je faisais ne servait à rien. Malgré tout, je continuais à pratiquer ma religion. Mais un soir, j’ai décidé de faire ma dernière prière : je n’avais jamais prié comme cela : « Si tu existes réellement, révèle-toi à moi et je te suivrai ! »

Quelques jours après, me voici en France ! J’arrive à Paris : « A moi la liberté, à moi la vie, je vais m’éclater ! »

Au bout de quelques mois, une étudiante me tend un prospectus ! « Merci, mais cela ne m’intéresse pas ». Je la retrouve à la fin du cours et lui dit que je viens d’arrêter la plus grande religion du monde et que je n’ai pas trouvé Dieu ! Je ne veux pas de sa religion. Elle me répond que j’ai raison et que Dieu ne se trouve pas dans la religion. « Vous devez trouver Jésus pour trouver le vrai Dieu ! » Cette parole me poursuivait sans cesse et je me disais qu’il fallait que je l’oublie !

Au restaurant universitaire, nous nous rencontrons à nouveau : « J’ai un cadeau pour vous – voilà, suite à notre discussion, je voudrais vous offrir une Bible ! Si vous êtes sincère, vous trouverez Dieu !

Quand je suis rentré chez moi, j’ai commencé à lire la Bible dans le Nouveau Testament, comme elle me l’avait suggéré. J’ai été saisi par cette lecture : j’avais l’impression de suivre Jésus-Christ faisant du bien autour de LUI. Il m’apportait les véritables réponses. J’ai été touché et la conviction est venue dans mon cœur !

Je suis venu à l’église invité par cette étudiante. J’y ai fait des expériences et un jour à l’invitation du pasteur je me suis moi-même mis à genoux ; en me relevant, j’ai senti un bien être extraordinaire ! Une autre fois, à une autre réunion, il m’a semblé que le pasteur connaissait ma vie mais c’était l’esprit de Dieu qui le lui révélait sans qu’il ne s’en rende compte ! Au travers de ce message, Dieu m’a donné des réponses à mes questionnements. Un jour, alors que je souffrais de douleurs articulaires et que dans mon cœur je désirais expérimenter la guérison, car je lisais les nombreux miracles de Jésus, je fus guéri à l’imposition des mains aux malades ! Je rentrai chez moi et je grimpai les six étages de mon immeuble sans avoir aucune douleur ! Toutes ces expériences se déroulèrent pendant une année.

Un jour, le pasteur annonça des cours sur le baptême ouvert à tous.

J’y suis allé mais je n’avais pas la force de dire oui car je voyais les conséquences de ma décision : « Tu vas être renié ! » Un jour le diable a trouvé la faille : « Ta mère va payer si tu t’engages à suivre Jésus ! Je me suis dit : « Non, je ne peux pas faire subir ça à ma maman ! »

Dieu a été très patient envers moi. J’ai vécu alors une semaine très difficile et j’ai décidé de jeûner : « Seigneur, fais quelque chose pour moi ! Mais rien ne se passait … Puisque Dieu ne répond pas, je vais tout arrêter ! « Va à la réunion au moins pour la dernière fois ». Lors de cette réunion, Dieu m’a baptisé du Saint-Esprit pendant la prière et une conviction profonde est venue balayer tous mes doutes ! Je me suis alors engager à suivre Jésus !

 

 

 

        Témoignage de Clémentine : de l’athéisme à Jésus-Christ

 

Je suis née dans une famille totalement athée où Dieu était rejeté et qualifié de « béquille de secours » pour les plus faibles. J’ai donc grandi avec la certitude que Dieu n’existait pas ! L’année de mes 18 ans, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. Autant j’étais une athée convaincue, autant il était un chrétien convaincu et animé par sa foi ! Nous avions de longues discussions sur Dieu et chacun restait sur sa position. Ni mes arguments, ni son témoignage, ni les histoires de la Bible qu’il me relatait ne me touchait !

Malgré cette divergence de conception, l’amour étant plus fort, nous nous sommes mariés et avons décidé d’avoir des enfants. Mon époux me fit part de son souhait de les élever dans la religion chrétienne et j’ai tout de suite acepté car j’avais pu observer par son comportement que sa foi lui donnait une force, une espérance ainsi que des qualités telles que l’amour, le pardon, la tolérance et je pensais que ça ne pouvait être que bénéfique pour éduquer nos enfants. Ils allaient au culte et priaient le soir ensemble. Mes garçons étaient souvent déçus que je ne partage pas ce moment avec eux.

Au bout de 15 ans de vie commune, j’étais toujours non croyante. Quand dans mon quotidien, plusieurs signes m’évoquèrent la présence de Dieu, j’en rigolais, mais mon mari me conseilla de lire la Bible me disant que le Seigneur s’intéressait à moi et qu’il cherchait à me parler. C’est ce que je fis, mais rapidement j’abandonnai car je ne comprenais pas tout. Mon mari me suggéra de prier et de parler à Dieu comme à un ami et de lui demander qu’il m’aide à comprendre sa Parole. Quelques semaines plus tard, le cœur mieux disposé, je repris la lecture des Evangiles. Ce Jésus que je ne connaissais pas vraiment commençait à m’intéresser. Et je pris goût chaque soir de poursuivre cette lecture qui me réconfortait et j’en éprouvais même le besoin. Puis un soir, après avoir lu, j’ai prié avec une grande sincérité et j’ai demandé au Seigneur de se manifester s’il existait réellement. Je me suis couchée, j’ai éteint la lumière, il n’y avait aucun bruit dans la maison et soudain une voix forte et parfaitement audible a résonné dans ma tête disant : « Jésus est puissant » ! Je suis restée totalement bouversée. Le lendemain, une chaleur bienfaisante irradiait au niveau de mon cœur et celle-ci ne m’a pas quittée pendant trois jours. J’avais l’impression de voir différemment, tout était beaucoup plus lumineux.

Ce même jour, je suis allée sur des sites chrétiens et j’ai trouvé un texte qui m’a parlé de Jésus, de son sacrifice à la croix et de son amour pour nous et donc pour moi. Puis j’ai eu le besoin d’écouter une prédication et je sais que le Seigneur m’a guidée car le message que j’ai trouvé sur internet, et que je pensais avoir choisi au hasard, s’avérait être sur la rencontre avec Jésus. Le pasteur citait le verset de Matthieu 7/7 : « Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe ».

Ce pasteur expliquait que si l’on recherchait sa présence, le Seigneur se laissait trouver. Après avoir entendu ce message, je venais de comprendre toute la dimension de l’amour, de la bonté et de la patience du Seigneur à mon égard. J’ai beaucoup pleuré, je me suis soudain sentie toute petite. J’ai demandé pardon à Dieu de l’avoir renié et méprisé pendant toutes ces années. Je me suis rapidement repentie et j’ai pris le baptême biblique 4 mois plus tard en donnant mon cœur à Jésus.

Depuis ma conversion, toutes les choses me paraissent plus belles, j’ai l’impression d’être différente et je le suis, mon cœur est apaisé et joyeux. Le Seigneur est maintenant au centre de notre foyer et les enfants sont heureux de pouvoir prier avec leur papa et leur maman !

 

 

 

                                                     

 

 Arnasouk l’Esquimau

 

Par une belle journée de juin, dans la froide région du Labrador, Arnasouk, un garçon de 15 ans, quittait sa mère Mikak, son père infirme Boas et sa jeune sœur Lydia. Il s’éloignait de Naïn, la ville où il habitait pour aller pêcher le phoque. Cet animal pourvoit à tous les besoins des Esquimaux : ils se nourrissent de sa chair et de sa graisse. Son huile sert également à éclairer les habitations et à cuire les aliments. De ses os ils fabriquent armes et ustensiles. Avec sa peau ils confectionnent des vêtements très chauds, des tentes et des couvertures. Le phoque est amphibie, il vit dans l’eau mais a besoin de venir respirer à  l’air de temps en temps. L’été, le museau d’un phoque apparait souvent à la surface. Et l’hiver ? Avec une merveilleuse adresse, l’animal, tournant sur lui-même, perce la croûte de glace qu’elle qu’en soit l’épaisseur et vient inspirer une provision d’air pour plusieurs heures. Il fait alors un bruit particulier que l’oreille exercée d’un Esquimau discerne à une grande distance.

C’est ainsi qu’Arnasouk, un harpon sur l’épaule, s’avance sur la mer gelée. Au Labrador, en juin, c’est encore l’hiver. De temps en temps, il applique son oreille sur la glace et il écoute … Il a déjà marché plus d’une heure quand, tout à coup, il croit entendre le bruit d’un phoque. Arnasouk s’avance alors avec précaution et se traîne à plat ventre sur la glace. Comme le vent est vif et piquant, il amoncelle en hâte la neige tombée la veille et s’en fait un abri duquel il attend, son capuchon sur les oreilles, le harpon dans la main droite… Le phoque n’est pas pressé. Il pense alors à ses parents et à sa sœur, la petite Lydia qui avait si faim hier en se couchant et il dit : « Mon bon Père céleste, tout puissant, permets, s’il te plait, que je puisse atteindre le phoque, le rapporter à Naïn et réjouir le cœur de mes parents. Toutefois, que ce soit ta volonté et pas la mienne. » L’attente se prolonge et Arnasouk n’entend plus rien. Doit-il renoncer ? Peut-être le phoque a-t-il vu son ombre sur la glace ? Le jeune Esquimau se relève et regarde du côté de la maison. Il lui semble que les montagnes qui dominent Naïn se sont considérablement éloignées … Que se passe-t-il ?

Comme il arrive chaque année à la fin juin, la grande mer se fend de toutes parts et, poussés par un vent de la terre, de larges fragments de glace se détachent peu à peu, sans bruit, et s’éloignent. Arnasouk, en quelques pas, se trouve au bord de son glaçon, il pâlit en considérant l’immense distance qui le sépare de la glace solide et il ne sait pas nager ! « Oh, si seulement mon père m’avait appris à nager ! » s’écrie le pauvre garçon. Mais à quoi servent les regrets ? Arnasouk se tourne vers Celui qui est un secours dans la détresse, toujours facile à trouver : « Mon Dieu, tu peux me ramener à Naïn, même si je ne sais pas nager. Sauve-moi si c’est ta volonté ! Ramène-moi vers mes parents. » Rassemblant alors toutes ses forces, Arnasouk pousse trois longs cris, l’appel de détresse des Esquimaux. Il écoute. Personne ne répond. Il se remet alors à genoux : « Mon Dieu ! Si personne ne m’entends, Toi tu m’entends. Je t’en prie, au nom de Jésus, ramène-moi vers mon père et ma mère ! »Arnasouk est triste, transi ; pour se réchauffer, il fait plusieurs fois en courant le tour de son glaçon. Le soleil dore les montagnes de glace de teinte si splendides que, même dans ce moment de détresse, il ne peut s’empêcher de s’écrier : « Que c’est beau ! » Puis ce passage de l’Evangile lui revient à l’esprit : « Et il s’en alla encore et pria pour la troisième fois, disant les mêmes paroles ». Arnasouk s’agenouille de nouveau : « Mon Dieu, je te prie, au nom de Jésus-Christ, de me ramener auprès de ma sœur et de mes parents. » Et plus bas il ajoute : « Mon Dieu, j’ai très faim ! » A genoux sur son glaçon flottant, les yeux fermés, il pense à tous les récits de prières exaucées que les missionnaires lui ont racontés.Il est sûr que son Père céleste prend soin de lui. Peut-être les montagnes de son pays se sont-elles rapprochées ! Il ouvre les yeux… Mais non, elles sont encore plus éloignées. Mais devant lui, il aperçoit un rocher au dessus de la mer, une île, qu’il connait bien, une île renommée pour la multitude de canards qui viennent y pondre leurs œufs et y élever leur famille. Arnasouk sourit : « Merci mon Dieu » dit-il. Il comprend que la fin de sa prière va être exaucée.

Quelques minutes après, il débarque sur l’île, après avoir attaché son glaçon au bord  avec son harpon. Aux dernières lueurs du crépuscule, il se met à la recherche de nourriture. « Mon Dieu, aide-moi à trouver ! » supplie-t-il tout bas. Au détour d’un rocher, dans une petite anse abritée, il reconnaît des nids de canards, il en compte bien une douzaine, et chacun contient plusieurs œufs fraîchement pondus. « Merci, merci, mon bon Père céleste ».

Il prend un œuf, un second, un troisième et se sent restauré. A la nuit, le froid est devenu très vif. Aussi Arnasouk se met-il à fabriquer un igloo en taillant de gros quartiers de neige qu’il pose en rond les uns au dessus des autres : ce sont des carrés avec un côté plus petit qui forment bientôt comme une ruche de la hauteur d’un homme. Il termine son ouvrage par un bloc de glace d’une forme particulière, comme clef de voûte. A l’intérieur de sa maison de glace, il prie avec insistance pour que ses parents ne s’inquiètent pas, puis fermant l’entrée par un autre bloc de glace, il s’endort du meilleur sommeil. Il rêve alors que le temps est redevenu glacial, la mer de nouveau gelée et qu’il s’achemine sans obstacles de son île à Naïn. Mais au réveil, sa première pensée est pour son Dieu et pour ses parents. Sa toilette n’est pas longue ! Il pousse le bloc qui sert de porte et, en sortant, effarouche un vol d’oiseaux aquatiques qui s’enfuient bruyamment. Le temps est plus doux que la veille, la mer légèrement ridée par une brise de printemps. Le glaçon est toujours amarré. Arnasouk ne perd pas courage. Il déjeune du même menu que la veille et pense : « Encore trois semaines, et la baie de Naïn sera libre de glaces; nos pêcheurs reprendront leur kayak et mon Dieu en dirigera bien un vers mon île ! » En faisant le tour de son domaine, partout il aperçoit des nids et dans chacun de ces nids jusqu’à dix et douze œufs frais. Il se souvient alors d’un passage de la Bible où il est dit à peu près : « Il dressa ma table dans le désert ».

Une chaîne de rochers très abrupts traverse l’île dans toute sa largeur, il en entreprend l’escalade. Arrivé au sommet, il s’assied pour jouir de la vue magnifique : d’immenses montagnes de glace se balancent sur la mer d’un bleu profond, des oiseaux multicolores emplissent l’air de leurs cris. Mais au pied même du rocher, Arnasouk croit distinguer un objet … aussi descend-il vivement la pente escarpée … Mais oui, ses yeux ne l’ont pas trompé. Il a devant lui une ongue pièce de bois, débris de quelque naufrage, que les courants ont poussé dans cette anse. Quelle joie, il pourra s’en faire une rame ! Et le voilà déjà au travail avec son coutelas. Jamais Arnasouk n’avait autant prié, autant rendu grâce que depuis la veille.

Il doit maintenant gravir de nouveau la pente rocheuse avec sa rame pour rejoindre son radeau de glaçon de l’autre côté. Il est déjà presque arrivé en haut avec sa lourde charge quand, soudain, elle lui échappe, glisse, bondit et retombe sur le rivage. Arnasouk redescend et ramasse des joncs marins, forts et souples dont il peut tresser une corde assez longue. Il l’attache à sa rame d’un côté, à sa ceinture de l’autre et recommence son ascension. Quand, très fatiqué, il atteint enfin sa hutte de glace, le soleil va se coucher. Il aurait aimé partir aussitôt rejoindre sa famille, mais après avoir prié, il pense qu’il doit attendre le lendemain. Il demande à Dieu de rassurer son père et sa mère. Blotti dans son igloo, il s’endort. Le lendemain, dès le lever du soleil, Arnasouk s’empresse de remplir pour sa mère son capuchon de peau de phoque des plus beaux œufs qu’il peut trouver.

Après avoir remercié Dieu de tout ce qu’il a fait pour lui dans cette île, le garçon détache son glaçon et, posant délicatement près de lui son capuchon, il appuie sa rame contre le rocher et s’éloigne de l’île. Après une navigation facile de plus de quatre heures, poussé par un vent favorable, Arnasouk rejoint la glace solide du continent. Il a encore de longues heures de marche avec sa rame sur l’épaule et son capuchon plein d’œufs. Mais il arrivera chez lui sain et sauf au milieu des siens heureux de le revoir et qui n’avaient pas été sérieusement inquiets. Ils avaient toujours cru au fond du cœur que leur fils leur serait rendu. Son Père céleste, en qui il s’était confié, avait exaucé la prière d’Arnasouk.

« Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver. » Psaume 46/1

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