Sur le port de Toulon règne une grande agitation. En effet, un contingent militaire doit s’embarquer pour aller à la guerre. Par petits groupes, les soldats discutent. Franck n’est pas un militaire ; il est colporteur. Passant d’un groupe à l’autre, il propose la Bible aux soldats. Il rencontre peu de succès. L’un après l’autre, les soldats déclinent son offre. Pourtant Jérôme, l’un deux, semble intéressé. « Je vous en achèterais bien une, dit-il d’un air navré ; malheureusement, je n’ai pas d’argent. Ne pouvez-vous pas me la donner ? »
Franck hésite ; il les paie bien, lui, les Bibles qu’il vend. Mais d’autre part, peut-il refuser la Parole de Dieu à ce soldat qui semble si désireux de la posséder ? Finalement, il en tend un exemplaire à Jérôme et lui dit avec un sourire : « Je vous l’offre. » Mais l’autre, au lieu de remercier Franck de son cadeau, saisit la Bible et éclate de rire ; « Je sais à quoi elle va me servir : ce sera pratique pour allumer ma pipe ! » Joignant le geste à la parole, il en déchire la première page, l’enflamme et s’applique à allumer sa pipe avec le papier qui brûle. Puis, sous les rires de ses compagnons, il lance vers Franck une bouffée de fumée. Franck, le cœur lourd, s’éclipse au milieu des rires et des moqueries des soldats.
Mais un verset de la Parole de Dieu dit : « Jette ton pain à la surface des eaux, car tu le retrouveras après bien des jours. » Ecclésiaste 11/1
Dix-huit mois se sont écoulés. Franck passe dans un village, avec son chargement de Bibles et s’arrête à l’auberge. Comme l’aubergiste a l’air triste ! Franck s’informe. « Hélas, monsieur, notre fils est mort à la guerre ; on vient de nous envoyer son paquetage. Bien sûr il est mort en paix. Il avait une Bible et nous écrivait qu’il la lisait beaucoup ». « Voudriez-vous me montrer cette Bible, s’il vous plaît ? »
Quel choc pour Franck, en feuilletant la Bible qu’on lui apporte. Les vingt-cinq premières pages sont arrachées. Sur la page de garde sont griffonnées les lignes suivantes : J’ai reçu cette Bible sur le port de Toulon ; je m’en suis d’abord moqué, et m’en suis servi pour allumer ma pipe mais, début septembre, j’ai commencé à la lire. En Novembre, Jésus est devenu mon Sauveur, j’ai trouvé la paix avec Dieu !
Quelle transformation peut opérer la Parole de Dieu !